L’équipe du Festival lève le voile sur quelques éléments de la programmation 2021 !

Toute l’équipe du Festival de l’histoire de l’art vous adresse ses meilleurs vœux pour l’année 2021 !

 

Shôgatsu, from the series Kodomo asobi, Katsukawa Shun’ei (1762–1819), Période Edo, gravure sur bois, encre et couleur sur papier, 23.1 x 17.5 cm, Boston, Museum of Fine Arts © LINEWilliam Sturgis Bigelow Collection

En dépit du contexte sanitaire et des incertitudes encore nombreuses à tous les niveaux de la société – en particulier pour le monde de la culture et le monde universitaire –, l’équipe du Festival de l’histoire de l’art vous adresse ses meilleurs vœux pour l’année 2021.

Plaisir. Tel sera, en vers et contre tout, notre maître mot pour cette nouvelle année, et le thème annuel de l’édition 2021 du Festival qui célébrera – suite au report de l’édition 2020 – son dixième anniversaire.

Japon. Tel sera, comme une invitation au voyage, l’horizon vers lequel nos regards se tourneront pour les prochains mois, et le pays invité du Festival, rendez-vous incontournable des acteurs de l’histoire de l’art et du grand public.

N’oublions jamais qu’un festival est une fête qui, le temps d’une journée ou plus, vient rompre le quotidien et le cours « normal » du temps. Des festivités qui, teintées de quelques solennités, célèbrent avant tout le plaisir de se retrouver autour d’une passion qui rassemble.

Pour entretenir la flamme et patienter jusqu’au vendredi 4 juin 2021, levons ensemble le voile sur quelques évènements phares de notre programmation qui fera la part belle, entre autres, à l’architecture, à l’érotisme, aux arts du jardin, aux mangas, aux mouvements contestataires, à l’art vidéo et à la protection du patrimoine. Et ce n’est là qu’un avant-goût des nombreuses découvertes, rencontres et surprises qui vous attendent dans le cadre majestueux du Château de Fontainebleau.

 

L’équipe du Festival de l’histoire de l’art

 

 

 

Pays invité : le Japon


Vivre l’architecture japonaise…
avec le Pavillon de thé Fu-an de l’architecte Kengo Kuma

 Une œuvre à découvrir, en partenariat avec la galerie Philippe Gravier.

Kengo Kuma (1954), Le pavillon de thé Fu-an, 2007, ballon transparent gonflé à l’hélium et tatami japonais, Galerie Philippe Gravier, Paris © KKAA, Courtesy Galerie Philippe Gravier

Hérité de la période Sengoku (fin du XVe siècle, début du XVIIe siècle), le pavillon de thé, connu sous le nom de chashitsu (茶室) est le lieu traditionnel où l’hôte reçoit ses convives pour la cérémonie du thé. Cinq siècles plus tard, le pavillon de thé Fu-an imaginé par Kengo Kuma en 2007 revisite cet ancien héritage. L’œuvre, grâce au prêt généreux de la galerie Philippe Gravier, sera visible dans la chapelle haute du Château de Fontainebleau durant les trois jours du Festival.

Fu-an signifie littéralement « espace de cérémonie de thé flottant dans l’air ». Pour ce pavillon, l’architecte japonais a souhaité opérer la symbiose entre les techniques traditionnelles d’aménagement (le tatami japonais) et les technologies et matériaux contemporains (le ballon gonflé d’hélium). Selon les mots mêmes de Kuma, le pavillon de thé Fu-an se veut semblable à un « corps flottant », réminiscence fugitive de « la robe d’un ange céleste » tiré la mythologie japonaise.

Kengo Kuma, né en 1954 à Yokohoma, est aujourd’hui l’un des plus célèbres architectes japonais. En France, il a notamment conçu la Cité des Arts et de la Culture de Besançon et a très récemment reçu la commande de la galerie contemporaine visant à assurer la protection du portail occidental de la cathédrale d’Angers. Au Japon, on lui doit entre autres le Yusuhara Wooden Bridge Museum (préfecture de Kôchi) ainsi que le nouveau stade national, à Tokyo, qui accueillera les Jeux olympiques de 2021.

 

Thème annuel : le plaisir


S’abandonner au plaisir des yeux et des sens…
dans l’appartement des Bains du château de Fontainebleau

Une conférence d’Oriane Beaufils, conservatrice du patrimoine.

Leonardo di ser Piero Da Vinci, dit Léonard de Vinci (1452-1519), Portrait de Lisa Gherardini, épouse de Francesco del Giocondo, dite Monna Lisa, la Gioconda, bois, 0,77 x 0,53 m, muée du Louvre, Paris © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Michel Urtado

Leonardo di ser Piero Da Vinci, dit Léonard de Vinci (1452-1519), Portrait de Lisa Gherardini, épouse de Francesco del Giocondo, dite Monna Lisa, la Gioconda, bois, 0,77 x 0,53 m, muée du Louvre, Paris © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Michel Urtado

Véritable « spa royal », l’appartement des Bains du château de Fontainebleau occupait autrefois le rez-de-chaussée de l’aile de la galerie François Ier. Détruit en 1697 afin de créer de nouveaux espaces, cet ensemble de plusieurs pièces, décoré par le peintre bolonais Primatice sur le thème de Diane – la déesse chasseresse tutélaire de la demeure royale –, sombra alors dans l’oubli. Quelques témoignages écrits parvenus jusqu’à nous, cependant, permettent aujourd’hui de s’immerger à nouveau dans ce haut lieu du plaisir bellifontain.

Les visiteurs du XVIe siècle, invités à pénétrer dans cet espace intime du logis, semblent avoir été davantage sensibles aux duchesses à demi nues qu’ils croisent dans les pièces chaudes de l’appartement qu’à la prodigieuse collection de peintures de François Ier qui s’y trouvait également ! Pourtant, rien de moins que la Joconde et le Saint Jean-Baptiste de Léonard de Vinci, sans parler des œuvres de Raphaël, Michel-Ange, Rosso ou Sebastiano del Piombo, ornaient les murs des salles de l’appartement des Bains.

Témoignage d’un art hédoniste qui tantôt émerveillait tantôt choquait, l’appartement des Bains du château de Fontainebleau associait étroitement le culte du corps et celui de l’esprit. La conférence d’Oriane Beaufils ravira celles et ceux pour qui, à l’instar du roi François Ier, bien-être physique et plaisir esthétique vont de pair.

 

Section Cinéma


Explorer l’univers de l’art vidéo…
avec l’œuvre de l’artiste expérimental Toshio Matsumoto

Une installation in situ, en partenariat avec le Centre Pompidou.

Toshio Matsumoto, Atman, 1975, film cinématographique 16 mm couleur, sonore, 12 minutes, Musée national d’art moderne – Centre Pompidou, Paris © Musée national d’art moderne – Centre Pompidou

Toshio Matsumoto, Atman, 1975, film cinématographique 16 mm couleur, sonore, 12 minutes, Musée national d’art moderne – Centre Pompidou, Paris © Musée national d’art moderne – Centre Pompidou

Face aux contradictions du monde culturel et politique de la société japonaise de l’après-guerre, Toshio Matsumoto (1932-2017), pionnier du film expérimental et de l’art vidéo au Japon, s’est approprié les formes et les images de la télévision et des médias pour en révéler les forces manipulatrices.

À l’occasion d’une carte blanche à la Collection Nouveaux médias du Centre Pompidou, une installation in situ, spécialement conçue pour le Festival, sera visible dans la Grotte des pins du Château de Fontainebleau sous la forme d’un dialogue entre deux œuvres emblématiques de Matsumoto : Mona Lisa, une vidéo couleur de 1973, et Atman, un film tourné en 16 mm de 1975.

Conçu en réaction au dernier voyage en 1974 du chef d’œuvre de Léonard de Vinci au Japon, Mona Lisa (3 min), réalisé grâce à un synthétiseur vidéo générant des effets de couleurs, interroge, dans la lignée de Marcel Duchamp et d’Andy Warhol notamment, le devenir iconique de la Joconde dans les mass media. Approfondissant cette veine psychédélique et critique, Atman (12 min), tourné sur pellicule infrarouge principalement en stop motion, confine au vertige des sensations visuelles et sonores, alors que la caméra tourne et zoome sur une figure assise portant un masque hannya, emblème du théâtre nô.

 

Actualité du patrimoine


Plonger dans le trafic d’œuvres d’art…
avec l’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels 

Un dialogue entre Morgan Belzic, chargé d’études et de recherche à l’INHA,
et le commandant de police Jean-Luc Boyer, chef adjoint de l’OCBC.

Logo de l’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels, Direction centrale de la Police judiciaire – Police nationale © Police nationale

Dans sa campagne d’octobre 2020 intitulée Le vrai prix de l’art, l’UNESCO estime l’ampleur financière du commerce illicite des biens culturels à près de 10 milliards de dollars par an, le plaçant en troisième position après le trafic de drogue et d’armes.

Si récemment la lumière a été projetée en direction du Monuments, Fine Arts and Archives program – les Monuments Men –, créé en 1943 sous l’impulsion des États-Unis pour lutter contre la spoliation d’œuvres d’art par le régime nazi, le souci de combattre cette forme de criminalité organisée s’est pour l’essentiel affirmé dans les décennies qui ont suivi la fin de la Seconde Guerre mondiale. Dans le sillage de la convention de 1970 de l’UNESCO, la France se dote, en 1975, d’une division dédiée au sein de la Police nationale : l’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels.

Depuis plus de 45 ans, l’OCBC – composé d’une vingtaine d’enquêteurs, gendarmes et policiers – mène notamment une mission de protection du patrimoine. L’un de ses derniers faits d’armes : l’interpellation, fin 2019, de six individus qui projetaient un cambriolage d’ampleur… au musée Chinois du château de Fontainebleau ! Entre ces professionnels de la lutte contre les criminalités organisées et les chercheurs ou professionnels de l’histoire de l’art et de l’archéologie, des communautés d’actions et de finalités se dessinent que le dialogue entre Morgan Belzic et le commandant de police Jean-Luc Boyer, chef adjoint de l’OCBC, permettra de mettre en évidence.

 

Programmation culturelle du Château de Fontainebleau


S’initier à un art populaire japonais…
avec l’Atelier Manga

 Une animation, en partenariat avec la Human Academy.

© Jsks

Un festival d’histoire de l’art dédié au Japon serait incomplet sans ménager un espace à cet art populaire national, devenu véritable phénomène international, qu’est le manga. Avec les États-Unis, la Corée du Sud, l’Allemagne et la Chine, la France est l’un des plus gros consommateurs de manga après le Japon. Mais elle a aussi la particularité de compter désormais des mangakas reconnus – Guillaume Lapeyre, Camille Moulin-Dupré, Tony Valente – dont le dernier a même vu son œuvre être traduite et adaptée au Japon.

Centre d’éducation qui a ouvert ses portes au Japon en 1994, la Human Academy – l’École japonaise de Manga – a contribué, depuis 2001, à lancer la carrière de plus d’une centaine de mangakas, nombreux parmi eux ayant été primés. Installée en France depuis 2015, elle propose un cursus dédié de 2 ans, au sein de la Cité de la Bande dessinée et de l’image à Angoulême, où les apprentis mangakas se forment au dessin japonais, au graphisme et à l’animation, mais également à l’écriture de scénario.

À l’occasion d’un partenariat inédit, les étudiants de dernière année de l’école dirigeront des ateliers de créations pendant les trois jours du Festival afin d’apprendre, aux petits et aux grands, l’art du manga. À ne manquer sous aucun prétexte pour les fans et les curieux.